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Tracce Migranti-Nuovi Paesaggi Umani a Bruxelles


Pour certains d’entre nous, tout commença en 1998, lors de la conférence à l’Hôtel Mocadoro de Ravenne, dans une zone industrielle très semblable à celle du Désert rouge de Michelangelo Antonioni. Une conférence au titre presque poétique de : « Il Villaggio Globale e l’Erranza del Migrare » (litt. : « Le Village Planétaire et l’Errance de la Migration »). À la veille du 25 avril (date anniversaire de la Libération de l’Italie), la présence et la participation inattendues et massives d’individus de diverses nationalités et d’organisations sociales nous firent comprendre que le travail de préparation de cette rencontre (ayant duré plusieurs mois) allait remplir un espace inexploré, pas uniquement au niveau local en Émilie-Romagne, une région où beaucoup d’entre nous sont nés et où nous sommes retournés, mais, après plusieurs années d’errances en tous genres, en Europe et dans le monde entier. Le syndicat italien CGIL (Confédération générale italienne du travail), l’organisation Caritas et la coopérative Il Mappamondo de Ravenne commenceront ce printemps un parcours d’analyse et de compréhension d’une réalité, l’immigration, qui est désormais visible par tous, qui interagit avec notre vie sociale quotidienne et, bien entendu, pas uniquement au niveau local. Il s’agit d’une situation avec laquelle nous devrons cohabiter, au cours des prochains mois et années, et à laquelle nous devrons tenter de donner des réponses rationnelles et humaines. Les actes et les relations de notre conférence, il y a 21 ans, ressurgissent aujourd’hui avec les mêmes questions à résoudre, liées à des domaines problématiques : le travail, la formation, l’éducation, la santé, les lieux d’habitation, les femmes immigrées (une différence en plus). En 2000, le photographe Luciano Nadalini de Bologne fit la navette pendant plusieurs mois entre sa ville et Ravenne, pour mettre au point le projet « Ravenna- immigrazione : un mondo a parte ? » (litt. : « Ravenne-immigration : un monde à part ? »). Certaines photographies que nous jugeons encore d’actualité et pleines de sens sont exposées ici. En 2007/2008, un de ses amis photographes, Luca Gambi, œuvra pendant des mois pour remplir de photos « La Vita degli altri » (litt. : « La vie des autres »), qui témoignait de la présence de nombreux immigrants sur notre territoire, en focalisant son attention sur certains aspects de leur vie quotidienne, de l’école au travail, sans oublier leur passé, dans une section appelée « Album di famiglia » (litt. : « Album de famille »), qui présentait des photos de leur vie de famille, mises à disposition par chacun d’entre eux et, par la suite, publiées. Ce projet lui fit traverser

la moitié de l’Italie en quelques mois, augmentant à chaque étape le nombre de tuiles de cette mosaïque qui allait construire « Album di famiglia », pour arriver ensuite aux Instituts culturels italiens de Berlin et de Vienne. Une sélection de plusieurs photographies issues de ce projet constitue une partie intégrante de « Tracce migranti : Nuovi paesaggi umani » (litt. : « Traces migratoires : Nouveaux paysages humains »). Ces deux projets analysaient une réalité glocale en tant qu’étude de cas d’intérêt indéniable, mais, ces derniers temps, leur attention s’est portée sur l’émergence du phénomène migratoire au niveau national et international, au sein des frontières de notre continent et bien au-delà. C’est alors que s’est ajoutée, aux photographies de migrants débarqués sur notre territoire, la section « Tracce » (litt. : « Traces »). Par le biais de celle-ci, en été 2018, Luca Gambi a focalisé son attention sur les traces de leur passage dans des lieux voisins comme San Ferdinando et Vintimille, et ce avec l’attention et la sensibilité qui le caractérisent (il n’est pas élève de Guido Guidi pour rien). Le bidonville de San Ferdinando, en Calabre, est un lieu dans lequel les installations ont un aspect sédentaire, quoique précaire. Les migrants, la plupart adultes de sexe masculin originaires de la Corne d’Afrique, du Nigeria et du Sénégal, y vivent principalement pendant la période hivernale, quand ils ne travaillent pas comme journaliers dans la plaine de Gioia Tauro. À Vintimille, par contre, grâce entre autres à la Caritas locale, s’est tenu un événement de grande importance en juin 2018. L’exposition conjointe, dans l’église de Saint Antoine, de la « Vénus aux chiffons » de Michelangelo Pistoletto (qui était déjà passée par Lampedusa et le MAAM de Rome) et les photographies qui racontent les 440 jours durant lesquels l’église a ouvert ses portes à 13 000 migrants, qui arrivaient d’une cinquantaine de pays différents, leur offrant de la nourriture et du confort. Dans ses clichés, Gambi se penche sur des aspects, en apparence marginaux, du quotidien de ces migrants, sur des détails de leur passage qui, illustrés avec un minimalisme poétique, sont en réalité des aspects fondamentaux de leur présence. Il s’agit en réalité d’une étape supplémentaire, d’une analyse en profondeur après le travail de « La Vita degli altri » et d’« Album di famiglia » : par le choix de ne pas s’attarder sur les apparences, de ne pas en ignorer la singularité, la réflexion sur la condition existentielle du migrant et sur l’errance, essentielle pour l’humanité depuis toujours et partout, se renforce. Des traces qui, si l’espace se fait temps, dans ce présent éternel, pourraient être les nôtres également. La vie des autres est également la nôtre. Les autres, c’est nous.


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